Les Kumités conventionnels
Suite au parcours de David AMOUROUX en 2006, pour un article de la revue fédérale Officiel Karaté, un journaliste nous a adressé quelques questions. Il voulait connaître notre avis sur la compétition: ses avantages, ses inconvénients, pour les plus jeunes, pour l'avenir du karaté etc...
Nous y avons répondu avec notre sincérité habituelle sachant bien que nos réponses seront tronquées... Alors pour vous, voici l'intégralité de notre avis sur ce sujet:
Merci de bien vouloir répondre aux questions suivante :
1)Pourquoi diriger les très jeunes karatékas vers la compétition ?
2)Quels en sont les avantages / inconvénients pour la suie de leur formation de karatékas ?
3)Quels sont les avantages et les inconvénients pour l’avenir du karaté ?
4)Assistons-nous à une augmentation de la demande chez les jeunes ? Si oui, pourquoi ?
5)A partir de quel moment peut-on dire qu’un élève est prêt pour la compétition ?
6)Quelles sont les spécificités qui différencient la personnalité de David, par rapport à ses camarades ?
PS/ Merci de bien vouloir nous faire parvenir des photos portraits du jeune champion et de sa professeur ( séparés si possible).
Bonjour,
Comme résumé par téléphone, voici quelques réponses à vos questions mais le sujet est tellement vaste, il faudrait des jours pour expliquer tout ce que nous avons à dire sur ces questions. Bien que Sylvie LAGRANGE, professeur de David et pas mal de nos copains professeurs soient d’accord sur le sujet compétition, je prends la responsabilité des réponses qui suivent. Je précise que je peux démontrer, détailler et expliquer tout ce que je dis si quelqu’un le jugeait utile et qu’il s’agit du fruit d’observations très récentes!
J’ai bien conscience de la « fermeté » de mes propos et du fait qu’officiel karaté n’est pas là pour saboter le travail fédéral bien qu’un peu d’auto-dérision ne fasse pas de mal parfois…
J’espère toutefois que vous pourrez faire le tri sans trop trahir l’essentiel de mes déclarations.
Si par contre vous devez les vider de toute substance ou cherchez quelque caution sur tel ou tel aspect positif en ignorant le reste, contentez vous de publier la photo de David, garçon qui mérite ses médailles et d’être cité en exemple. Oubliez moi !
Merci de votre attention
Le CV des professeurs :
NOM |
LAGRANGE Sylvie |
CARRERE Noël |
Début en Karaté |
1969 |
1969 |
Professeurs |
Laurent SAÏDANE Noël CARRERE + stages Maïtre KASE |
Georges JORDAN Pedro GONZALEZ Farokh MOCHFEGH Jean Pierre LAVORATO |
Débuts d’enseignant |
1976 CASTEL JEUNESSE de CHATEAUNEUF LES MARTIGUES (13) puis de 1980 à 1984 à la MJC Gradignan (33) |
1976 à 1985 au WADO UNIVERSITE CLUB à TALENCE (33) et de 1982 à 1986 à l’US TALENCE |
Diplômes d’enseignant |
BEES en 1986 |
DIF en 1977 BEES en 1982 |
Palmarès sportif |
* 3ème ch. France équ.1984 * 14 fois ch. d’Aquitaine Kata et Kumité * 2ème Ch. France ind.1987 * 1ère Cpe France ind.1987 * 1ère Cpe France équ.1991 * 1ère Ch. France équ.1991 Plusieurs fois 2ème et 3ème Cpe et Ch. France indiv.
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Aucun titre national |
Style : |
Shotokan |
Shotokan |
Fonctions fédérales |
* Juge tech.national 1983 * Responsable technique féminine département et Ligue de 1987 à 1995 |
* Arbitre national 1982 * Juge Tech.national 1983 * Resp. arbitrage départemental 1983 à 1988 * D.T.D Gironde 1988 à 1998 |
Grade actuel |
5ème Dan |
5ème Dan |
Clubs actuels |
Depuis 1984 : Ecole de Karaté-Do Gradignan
Depuis 1993 : Sport Athlétique Mérignacais
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Profession : |
Educatrice |
Ingénieur / Consultant |
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1) Nous accompagnons nos élèves en compétition lorsque nous les sentons prêts, c'est-à-dire lorsque nous pensons que globalement, ce sera bénéfique pour leur progression en Karaté-Do.
Cela représente chez les jeunes (8 à 20 ans) environ 25 à 30 % des effectifs.
Ensuite, il faut se reporter à la réponse 5 où je détaille les conditions nécessaires.
mais :
- Il n’y a pas de cours spécifique ou particulièrement adapté. Tous nos élèves, compétiteurs ou non ont les cours qui correspondent à leur niveau.
- Nous exigeons un comportement exemplaire à l’extérieur du club comme au dojo et nous n’hésiterions jamais à retirer un élève d’une compétition. Ils le savent.
A savoir également : la compétition n’est pas pour nous un objectif principal. Il est un outil de motivation et un outil pédagogique sur lequel nous pouvons nous appuyer pour faire progresser les élèves : Au même titre que le travail sur cibles, le kata, le Gohon Kumité ou tout autre type de travail.
C’est donc un moyen mais qui ne doit pas remplacer l’objectif final dans notre ordre de priorités.
Même si nos élèves y connaissent un certain succès, nous n’accordons pas une énorme importance au nombre de médailles qu’ils ramènent. Ce qui nous intéresse, c’est la progression individuelle de chaque élève en Karaté-Do, sa santé, son avenir, ses études, son développement personnel. Et nous le leur faisons sentir.
Nous faisons en sorte d’éviter qu’ils ne « prennent le melon » pour avoir gagné le championnat de la place du village ou à l’opposé, qu’ils ne se découragent et partent au foot parce qu’il n’ont fait que 3ème au championnat de France volés par un(e) adversaire qu’ils ont plié(e) plusieurs fois au corps et a joué le cinéma auprès d’arbitres facilement impressionnables…
2) Voilà la vraie question que nous nous posons régulièrement !
Soyons optimistes et commençons par les avantages :
- Une expérience de la confrontation :
Selon nous, lorsqu’une personne porte une ceinture noire d’un art martial, entre autres qualités, elle doit avoir certaines aptitudes à faire de l’art et la guerre.
Ne divergeons pas ici sur la sensibilité artistique de notre public ni sur les occasions qu’elle a ou non de s’exprimer dans la vie moderne et encore moins sur le niveau de pratique qu’il faudrait atteindre pour que notre pauvre karaté puisse encore prétendre être un Art…
Mais pour l’aspect guerrier, nous sommes convaincus que la valeur formatrice de l’individu, celle que Maître FUNAKOSHI a voulu mettre en avant en élevant une pratique de self-défense au rang de budo, le Do du Karaté-Do, n’est complète que si l’on n’oublie pas l’aspect martial de la pratique. 80 % des relations entre humains sont principalement des rapports de force, que ces rapports de force soient ouverts et déclarés, simplement potentiels ou plus subtilement masqués derrière le brouillard des conventions culturelles dites civilisées.
Donc, toujours à notre avis, même dans nos pays modernes et en temps de paix, l’aptitude à comprendre ces relations d’opposition, à les maîtriser avec lucidité et courage, la combativité dans l’adversité, la connaissance de ses réactions intimes et des ses limites, la maîtrise de ses peurs, la maîtrise de son agressivité, la découverte du courage physique dans l’action, tous ces éléments que plus ou moins consciemment on est venu découvrir et maîtriser au Karaté-Do forment un pan essentiel de la construction des individus, jeunes ou moins jeunes mais surtout les jeunes !
Ceux qui ont eu la chance ou la malchance (selon l’issue et le point de vue…) de vivre des situations de combat réel ou de risques extrêmes sont différents de la moyenne des individus. Aux autres, il manque quelque chose…
Faut-il pour autant entraîner ses élèves dans des bagarres de rue et autres plans foireux pour qu’ils puissent se tester ? bien sur que non ; alors que reste-t-il dans le domaine de la confrontation ?
- des entraînements dont le rapport risque acceptable/blessures/renforcement mental doit être modulé selon chaque élève et son niveau.
- La compétition sportive Kumité, le karaté-contact et quelques autres sports de combat.
Nous sommes conscients du fait qu’un pratiquant expérimenté de 30 ou 40 ans ne trouvera quasiment aucune prise de risque dans une rencontre sportive, encadrée, arbitrée, en présence du médecin et de la protection civile et surtout dont on a retiré les 80 % de techniques efficaces du Karaté-Do pour n’y conserver que les moins dangereuses et encore avec protections !!!
Mais pour un benjamin ou un minime qui n’est pas trop habitué à se bagarrer dans la cour de récréation, c’est différent. Il va être regardé, jugé et se sentira grandi ou humilié à la sortie de ses combats. En face il y a un autre combattant qui va donner lui aussi des coups de pieds et de poings. Pour ce jeune, toutes proportions gardées, c’est « la guerre », du moins il va le vivre ainsi. Il lui faudra maîtriser son stress, sa peur, rester lucide, trouver du courage avant même de savoir si sa technique sera suffisante.
C’est autre chose que de faire Jyu Kumité au club avec ses copains ou avec son prof. dont il connaît la bienveillance…
Alors oui, nous considérons que pour un jeune de 8 à 20 ans, issu de notre éducation française traditionnelle, la compétition kumité est un terrain de confrontation bénéfique pour le mental du Karatéka.
- Un bon test pour certaines habiletés techniques:
S’il est possible et même souhaitable d’entraîner chez tous les karatékas l’ensemble des habiletés motrices, physiques et mentales qui sont utiles en combat réel, la compétition sportive offre un test grandeur nature pour une partie d’entre elles.
Mieux, étant donné l’évolution vers plus de spécialisation des compétiteurs, à un certain niveau ils ont développé à l’extrême la précision de quelques techniques, leur vitesse d’exécution, l’amplitude et la variété de leurs déplacements, la fluidité des enchaînements, les notions de rythme et de distance, la perception du bon timing (conjonction distance/temps), la perception instinctive des actions et réactions adverses, voire un certain sens de l’anticipation. Tous ces éléments propres au compétiteur sont indispensables (mais non suffisants) à la construction ultérieure d’un art martial efficace jusqu’à un âge avancé.
Lorsque des années après sa période de compétition, le pratiquant voudra encore progresser et rechercher une certaine efficacité malgré les limites physiologiques liées à son âge, il retrouvera toujours ces notions. Son efficacité se basera alors principalement sur la réalisation du Sen No Sen, sur sa lucidité, sur la précision des techniques et sur un mental solide.
Nous observons que la première notion, celle du Sen No Sen, est plus rapidement acquise par nos élèves qui ont une expérience réussie en compétition.
Nous observons également qu’à chaque fois que des élèves peu expérimentés rencontrent des compétiteurs de niveau national ou international, la supériorité stratégique, motrice et physique de ces derniers les oblige à progresser. Ces champions servent alors de locomotive.
Nous considérons alors notre participation comme un investissement pour la progression future des élèves dans ces domaines.
- Un puissant outil de motivation :
L’humain est ainsi fait qu’il a besoin de vaincre, de conquérir, de se mesurer, d’inventer, de grimper, de chercher, de posséder aussi… Il y aurait beaucoup à dire sur cette nature quasi animale qui fait avancer l’humanité, a forgé son destin et peut très bien concourir à sa perte un jour. C’est le copain que l’on invite à échanger quelques balles pour passer un moment sur un court de tennis… C’est plus sympa en comptant les points non ? même si l’on connaît l’issue probable du match… Observez les paisibles voiliers de croisière qui rentrent au port après la sortie en mer du dimanche : C’est tout de même plus rigolo en essayant de devancer son voisin à la dernière bouée…
Quant aux enfants, il suffit de les regarder jouer sur le tatamis avant un cours…
Il est donc tout naturel qu’un enfant demande à jouer et dans le jeu, à se mesurer plus ou moins directement. On peut proposer des jeux durant les cours bien sur. Les jeux d’opposition ont toujours du succès mais l’étape au dessus, c’est la compétition en dehors du club. Alors, selon nous, c’est bien qu’elle existe pour répondre à ce besoin.
Comme dans tout jeu, il y a l’objectif de gagner, on accepte la possibilité de perdre (enfin en principe) et on se prend au jeu.
C'est-à-dire que les jeunes auront envie d’y revenir, d’améliorer leurs résultats, d’essayer encore et encore et pour cela, puisqu’on leur dit que ça aide, ils vont s’entraîner davantage.
Les différentes compétitions vont ponctuer la saison de succès et d’échecs, de sorties en famille ou avec les copains et vont lui donner un rythme certainement moins lassant.
Certains jeunes n’acceptant pas ce principe du jeu sportif pour des raisons diverses. Il faut donc rester mesuré dans l’importance accordée à cet objectif. Nous faisons attention à ne pas sous entraîner ceux qui ne font pas de compétition.
D’autres ne vont plus s’entraîner au contraire qu’en pensant à la prochaine compétition… Il faut alors garder à l’esprit qu’il s’agit d’un jeu, un jeu sportif avant tout et que notre rôle d’éducateurs n’est pas de faire miroiter exagérément les médailles éphémères.
Mais pour une partie d’entre eux, la compétition apporte réellement cet aspect motivant et cette opposition dont ils ont besoin pour étalonner leur progression.
Sans en abuser, nous citons régulièrement leurs résultats en essayant de les corréler à la qualité de leur travail, à leur assiduité. Cela sert d’exemple pour les moins aguerris.
- Un bon exemple :
Nous sommes attachés à l’image d’un Karaté-Do où le plus ancien transmet la connaissance mais aussi montre l’exemple. Cela devrait être la règle pour les experts et hauts gradés comme pour les champions internationaux ou nationaux.
Cela n’est pas toujours le cas comme nous le dirons plus loin. Pourtant, dans notre rôle de professeurs, chaque fois que nous pouvons souligner le comportement exemplaire d’une Laurence FISCHER en combat et autour du tatamis, lorsque Olivier BAUDRY fait cadeau de sa médaille d’Or à un jeune minime avec tous ses encouragements, lorsque l’on cite l’exemple du regretté Alain LEHETET, nous utilisons là des alliés qui véhiculent une excellente image. Ils remplissent une mission de première importance pour nous aider à promouvoir un Karaté-Do sincère, efficace et propre ! Si c’est à eux que nos enfants rêvent de ressembler, beaucoup de professeurs leur en seront reconnaissants…
L’exemple de champions qui réussissent est aussi un facteur d’espoir pour les plus jeunes. Ceux qui réalisent quelque chose par leur travail, par le développement de leur talent, même si cela ne sert qu’à gagner des médailles, sont forcément de bons exemples. Valoriser le travail et le talent d’une élite, ça n’est pas aussi élitiste qu’il y paraît. C’est au contraire un véritable bienfait social. C’est proposer aux plus jeunes, aux plus faibles, aux moins bien dotés en talents naturels, un modèle d’identification surtout s’ils se sentent appartenir à une même famille (c’est le cas au dojo ou dans une équipe). Et ce modèle là ne les trahira pas car le travail est une valeur universelle, de toutes époques et sur tous les continents !
Nous préférons donc amener nos jeunes le dimanche dans le « système » compétition. Aussi imparfait soit-il, c’est toujours mieux que de les laisser en prise à des rêves futiles et improductifs genre « STAR AC » ou pire sans rêve du tout…
Voyons maintenant les reproches et inconvénients :
- Un mauvais exemple :
Inversement, il est fréquent que nous ayons honte d’amener élèves et parents dans certaines compétitions. Lorsqu’un jeune élève nous a entendu défendre les vertus du karatéka, le code d’honneur etc…, lorsqu’il a eu le temps de comprendre et de s’imprégner de l’esprit que nous imposons au club, c’est toujours un choc pour lui de débarquer dans une compétition.
Nous avons eu ainsi beaucoup de cas d’abandon, souvent par décision des parents, d’autres restent au club mais ne veulent plus que leur enfant fasse une seule compétition.
L’organisation, l’arbitrage, le public, les compétiteurs eux-mêmes, il y aurait des pages à écrire sur les améliorations qu’il faudrait apporter pour que nos manifestations soient conformes à l’image que nous défendons et à ce qui a attiré beaucoup de pratiquants dans le karaté.
Mais il y a plus grave : les tricheries, les petites et grandes magouilles, le comportement des individus à tous les niveaux sont bien souvent inacceptables.
Un observateur extérieur, neutre, doté d’un minimum de jugement qui débarque dans une compétition de karaté n’a pas besoin d’y passer la journée pour remarquer les psychopathes en tous genres qui y sévissent. Il suffit de les voir marcher, parler, grimacer quelques minutes pour comprendre les démons qui les habitent. Tellement imbus de leur petite fonction « officielle », de leur grade, de leur cravate, de leur impunité garantie par leur appartenance au « système » ils ne pensent même pas à sauver les apparences vis-à-vis du public qui les regarde, et dans lequel il n’y a tout de même pas que des admirateurs niais…
Le parent-observateur qui s’attendait à rencontrer une élite de gens triés sur le volet pour leurs qualités humaines, leurs compétences, leur pédagogie, leur droiture se retrouve pris en direct dans un épisode de « la planète des singes ». Le décalage est énorme avec notre discours de profs, et la réaction souvent sans appel. Nous perdons tous les ans des adhérents à cause de la compétition.
Voilà pourquoi nous prenons des précautions avant d’envoyer les gens en compétitions et surtout à leur retour. Nous les aidons à relativiser ces travers, à voir l’aspect positif des choses, nous les dissuadons de vouloir isoler leurs enfants du monde réel.
Mais que l’on ne nous dise pas « c’est normal, aujourd’hui c’est partout comme ça, en politique, à l’école, dans les autres fédés… C’est la nature humaine…, c’est le système. S’ils vont au foot ou au judo c’est bien pire ! »
Non, en Karaté-Do cela ne devrait pas exister ou ce devrait rester extraordinairement rare. Comme dans une PME, dans chaque club, dans chaque département, dans chaque ligue, seule la compétence, le travail, les qualités humaines devraient être valorisées et tout le reste éliminé.
Au lieu de cela, la compétition devient la vitrine de plus en plus transparente d’un système fédéral que certains parents d’élèves ont perçu comme la « cour des miracles du karaté » et que je pour ma part je résumerai en 2 mots : « la mafia des singes ».
Alors bien sur, il y a plein d’exemples inverses. On trouve sur et autour des tatamis des personnalités aux qualités certaines. Mais ceux là, lorsqu’on leur permet de conserver quelques fonctions importantes, les exercent avec une efficacité discrète. Malheureusement, ils se remarquent moins depuis les gradins… Lorsqu’une compétition est réussie et s’est déroulée sans anomalie importante, c’est à eux que nous le devons. Personne ne le remarque car c’est cela qui est normal et qui devrait se reproduire chaque week-end.
- Une perte accélérée de la substance de notre enseignement :
Voilà un autre travers de taille. Il est encore plus vérifiable concernant les compétitions techniques mais à propos du combat, le phénomène reste similaire.
Pour gagner en compétition, il faut marquer des points. Ces points sont valables selon certains critères, écrits dans les règlements et interprétés par les arbitres. Les compétiteurs qui réussissent sont forcément ceux qui répondent le mieux à ces critères. Forcément ce seront eux qui serviront de modèles aux générations suivantes, voire qui enseigneront les recettes leur ayant permis de réussir.
C’est là que réside le principal risque car de génération en génération, par une sélection darwinienne des techniques et des recettes qui « marchent » on finit par reproduire un karaté « spécial » compétition.
Ajoutez à ce phénomène 2 facteurs aggravants :
- Au départ la compétition était la vitrine du karaté permettant à une élite de jouer et de se distinguer parmi des pratiquants qui s’entraînaient avant tout pour se sentir efficaces. Ils ne faisaient que 3 ou 4 compétitions par saison, et ressentaient davantage un besoin d’affrontement, de sincérité dans la pratique qu’un objectif de carrière sportive. Aujourd’hui, la compétition devient peu à peu (pour plein de raisons structurelles et environnementales qu’il serait hors sujet de traiter ici) le principal objectif, la justification, quasiment la raison d’être de tout le système fédéral. Au final, elle devient également l’objectif du jeune qui rêve d’une carrière sportive.
- Pour des raisons évidentes de sécurité, les règlements ont toujours limité ou interdit les techniques efficaces (environ 80 %), justement parce que dangereuses. La compétition favorise donc les 20 % de techniques les moins « méchantes », comptabilise de plus en plus les techniques imparfaites, ne valorise pas vraiment la domination mentale et physique et laisse même la porte ouverte à quelques malices que certains disent stratégiques mais que nous désapprouvons totalement dans notre enseignement.
Alors voilà comment on prend le chemin de ce qui s’est produit au judo :
Déjà aujourd’hui, des professeurs de notre génération, formés sur la base d’une richesse technique de l’art martial, à partir d’exercices relativement durs mais complets et diversifiés, se laissent influencer par le phénomène. Au lieu de restituer, voire d’enrichir et de perfectionner ce qu’ils ont reçu, ils réduisent peu à peu leur enseignement à « ce qui marche en compétition ». Le système se structure peu à peu pour véhiculer ce que l’on pourrait appeler une pensée unique de la technique. Certains pensent même évoluer en suivant les différentes « modes » . Elles ne sont en fait que les tâtonnements de cadres qui, faute d’avoir conservé leurs racines et surtout faute d’avoir vraiment étudié auprès des derniers experts vivants en sont réduits à mendier quelques idées auprès d’autres disciplines pourtant bien moins élaborées que la notre…
Dès demain : Spécialistes du rebond sur un pied, du mawashi jambe avant avec le bout de la pantoufle et du gyaku en fuite, les élèves de nos élèves enseigneront à quelques enfants de 3 ans les recettes pour franchir le seuil des championnats de quartier. Les heureux élus seront alors intégrés à une filière préparatoire au niveau intercommunal où une structure formée :
- du médecin scolaire,
- du pharmacien du quartier,
- du VPAADDJSR (vice-président de l’association des anciens directeurs départementaux DDJS en retraite)
- et de l’EICHN (entraîneur inter communal du haut niveau) choisi parmi les pupilles ayant déjà fait un podium départemental
(les vétérinaires, le psychanalyste local et le curé ayant refusé d’y participer tant que la convention collective régissant les salaires de la dite structure n’est pas validée en Commission Européenne…)
Issus de cette usine et fins prêts pour le championnat cantonal, les pré-poussins qui auront réussi à échapper aux tendinites, aux fissures osseuses et à la déprime auront une chance de se faire remarquer par les hauts responsables de la filière cantonale. Là ça devient sérieux. On ne prend que des poussins, minimum 5 ans et c’est carrément le PAADDJSR lui-même qui siège à la commission de détection. Pour prétendre être détectable il faut au moins :
- avoir sa licence depuis 5 mois minimum
- être parmi les 3 premiers du championnat inter-communal
- avoir une analyse sanguine correspondant aux critères de performance retenus
- apporter un dossier de financement réunissant la participation du club, un apport des parents, la caution des grands parents et un partenaire professionnel (GUIGOZ, PAMPERS et DYSNEY-CHANNEL sont déjà sur les rangs).
- Souscrire des obligations de la SAOS gérant la fédération, en nombre proportionnel au revenu de la mère et au nombre d’ânes possédés par le foyer fiscal (faute de pétrole, les moyens de locomotion se sont adaptés… Par ailleurs, un article BX-7548-G41-WS3 vient d’être ajouté au CGI pour exonérer les bicyclettes du champ d’application des impôts et taxes)
- Un engagement des parents visant à reverser 83,57 % des revenus sportifs et publicitaires du jeune champion au Président de la SAOS gérant la fédé. (Non pas à la fédé, eux ils sont bénévoles voyons, un peu d’éthique tout de même !)
Etc..etc… jusqu’au plus haut niveau inter-galactique, en passant par le supra-national bien entendu.
Les élèves des élèves de nos élèves placarderont peut-être encore notre photo, sur la porte des ch. (oui parce que dans les dojos la loi obligera à ne mettre que celle du Président Général Européen), juste en dessous de celle de FUNAKOSHI (le respect dans les arts martiaux ça existe toujours, non mais !). Ils raconteront à leurs élèves avec nostalgie qu’ils sont les derniers vivants à avoir travaillé avec de grands maîtres qui connaissaient la position du chat (Néko Ashi Dachi) et pratiquaient encore le Empi-Uchi qui, selon la légende était capable, rendez-vous compte, de pratiquement déchausser une dent !
Je déconne là, vous êtes surs ?
C’est à voir parce qu’en 1975, qui à la fédé (l’inamovible DELCOURT, le DTN SAUVIN plutôt innovateur pour l’époque, les experts japonais comme KASE ou MOCHIZUKI, les champions pourtant inventifs comme DIDIER, VALERA, PASCHY ou ALIFAX, les profs genre CHEMLA, SALIOU, BIENVENU, ROMEU ?) qui dans le karaté français aurait osé dire, même en rigolant que seulement 30 ans plus tard ?
- On pourrait être ceinture noire à 15, 16 ou 18 ans en ayant seulement remporté 3 combats ou même sans faire de combats du tout…
- Il y aurait bientôt autant de licenciés poussins que de séniors
- Il y aurait plus de 160 gradés 6ème Dan ou supérieurs
- Une fille (!) de 8 ans (!) pourrait faire une saison de compétition kumité avec coupes amicales, coupe départementale, coupe de ligue puis coupe inter-régionale et enfin Coupe de France ?
- L’administration normale d’un club moyen de 100 licenciés représenterait environ 4 classeurs de 80 mm pleins chaque saison (inscriptions, courriers, dossiers divers, comptabilité, etc…) de documents et paperasses en tous genres et tous obligatoires !
Je ne juge pas, chacune de ces évolutions apporte du bon et du mauvais. je constate simplement que tout cela s’accélère très vite et que ce rôle devenu prépondérant de la compétition est un facteur parmi d’autres qui s’ajoute à l’imbécillité présomptueuse de nombreux cadres et profs pour pousser la masse à délaisser tout un pan de la connaissance en Karaté-Do.
- Des dépenses lourdes :
Une cotisation annuelle (200 €, parfois plus), une licence et les taxes de ligue et de département qui vont avec (42 €), un passeport sportif (20 €), un kimono (30 €), un protège dents (3 €), une coquille (10 €), 2 paires de protèges pieds (50 €), 2 paires de protèges mains (40 €) 2 casques (70 €), une paire de protège tibias (25 €), un déplacement départemental (30 €), un déplacement régional (80 €), un déplacement national avec au minimum un parent (400 €) soit un total moyen autour de 1000 €. C’est le budget que doivent trouver les parents d’un petit qui fait sa première saison de compétition et se qualifie pour le niveau national. Quand on sait que dans certaines familles, nous en avons 3 qui font de la compétition dans 3 catégories différentes, ça laisse rêveur sur les sacrifices que font les parents…
Quant au club, en raison de la multiplication des compétitions et des catégories, en raison de notre volonté de participer au kumité et au kata, il est totalement exsangue pour avoir voulu prendre en charge une partie de ce budget… et ce d’autant plus qu’il fait du bon travail et veut amener ses élèves à participer.
Il y a donc un obstacle financier réel et je dirai même, de fait, une incitation aux clubs à ne pas participer, pire, une prime à la médiocrité!
- Elle est aussi source de découragement et de motifs d’abandon
Sur une catégorie de 80 benjamins qui se retrouvent à Paris, un seul sera vainqueur et 79 autres auront perdu à un stade ou à un autre de la compétition. Et là, c’est vraiment l’histoire du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. Selon comment l’élève, ses parents et les professeurs vont prendre et interpréter la chose,
- Un enfant qui a perdu au premier tour du championnat départemental peut se sentir fier d’avoir vaincu sa peur, d’avoir résisté à un adversaire meilleur et rester motivé pour faire mieux l’année d’après
- Un autre qui perd en demi finale de la Coupe de France peut déclarer « qu’il est nul, que les arbitres sont des cons et que le karaté c’est de la m ». Il se trouvera là un bon prétexte pour passer la saison suivante devant ses jeux sur ordinateur, où là c’est vraiment plus marrant et moins fatiguant. Les parents vont y voir l’économie de temps et d’argent par rapport à la saison qu’ils viennent de (mal ?) vivre et ils ne nous soutiendront pas toujours pour exiger un peu de persévérance et de lucidité !
Seule une bonne compréhension de notre rôle d’éducateurs et une disponibilité exceptionnelle nous permettent d’assurer notre présence avant, pendant et après la compétition pour délivrer le bon message. On parvient ainsi à limiter un peu l’ampleur de ce phénomène. Malheureusement, il trouve ses racines dans une évolution globale de la société que nous ne maîtrisons pas (d’ailleurs qui ?). A cet égard, les imperfections du système, même si elles ne nous aident pas, sont davantage des prétextes que les causes réelles.
Cela ne nous interdit pas d’y réfléchir : dans nos clubs, tous les ans, nous organisons une manifestation de fin d’année à mi chemin entre compétition, jeu et démonstration. Chaque enfant y participe selon sa maturité et ce dont il a besoin pour renouveler sa motivation. Il n’y a pas compétition systématique ni jugement pour tous, mais tous réussissent la mission que nous leur avons confiée…
- Les résultats sont trop aléatoires
Il est exact que l’arbitrage est un art extrêmement difficile, par conséquent source d’erreurs et d’injustice.
Il est encore exact (à notre avis) que la formation comme la sélection des arbitres ne se sont pas améliorés ces dernières années. Ils pourraient être beaucoup plus « professionnels » et inspirer davantage confiance aux jeunes.
Il est tout aussi évident que le règlement, instable compromis entre réalisme et sécurité, ne favorise pas toujours celui qui se croyait « martialement » le plus fort.
Dans les gens qui déclarent au retour d’une compétition : « C’est dégueulasse, on m’a entubé, l’autre a triché, l’arbitre était son prof… ou le copain à son père…, on protège trop ceux qui sont connus…, les arbitres comptabilisent des pichenettes, ils n’y voient pas clair… » il y en a 25 % qui sont de parfaite mauvaise foi et refusent d’accepter leurs propres défaillances, il y en a 25 % qui ont parfaitement raison ce jour là. Il reste les 50 % qui, sous l’effet de la tension et des émotions ont du mal à rester objectifs et à faire la part des choses entre les erreurs et leurs propres limites.
Dire que le meilleur n’est pas toujours sur le podium est parfois fondé.
Nous disons à nos élèves : Oui, d’accord, il y a une part d’aléa, une part de tricherie mais peu importe, soyez encore plus forts et vos médailles vous ne les devrez à personne. Au final, ceux qui sont régulièrement sur les podiums sont tout de même les plus forts, à vous d’y gagner votre place sans vous laisser décourager par les aléas.
En l’absence de nos élèves, entre 4 yeux, nous disons à quelques arbitres ou dirigeants : « Vous êtes des incapables malhonnêtes et vous gangrenez le Karaté ». Bien entendu, la fois d’après ils sont toujours là, s’il le faut avec une responsabilité supérieure et ils n’ont pas changé…
- Il y a bien d’autres reproches qui sont faits à la compétition :
Dans le genre :
- Elle développe un esprit de domination ou d’agressivité chez les enfants
- Maître FUNAKOSHI n’en voulait pas au Karaté-Do
- Les médailles leur montent à la tête
- Ce n’est pas « traditionnel »
- De toute façon, elle ne s’adresse qu’à l’élite
- C’est trop dur pour les enfants
- Ça ne mène à rien
- Ça ne va pas les nourrir plus tard etc etc
On en entend toutes les semaines, plus ou moins bien argumentés. Après analyse et 30 ans d’enseignement, nous avons réfutés un à un ces reproches. Soit parce qu’ils nous semblent infondés ou fruit d’un manque de connaissance du sujet et de mauvaises interprétations, soit parce que nous y avons trouvé remède dans notre pédagogie. De ce fait, bien que nous ayons un avis précis et argumenté sur chacun de ces points, nous ne les retiendrons pas ici.
3 – Les questions 2 et 3 étant intimement liées, nous avons déjà répondu en grande partie.
Non, globalement la compétition n’apporte rien à l’avenir du Karaté ni même à ses effectifs à moyen ou long terme.
Ce qui pourrait apparaître comme un bénéfice pour les effectifs jeunes n’est pas à mettre au crédit de la compétition. Comme le judo, pour accroître effectifs et revenus, nous abaisserons le niveau d’exigence dans nos cours, le nombre d’heures hebdomadaires par élève, l’âge des pratiquants, nous multiplierons les manifestations où tous les petits auront leur médaille en chocolat, nous vendrons de l’illusion, nous irons dans les écoles, nous deviendrons olympiques et tout cela oui, va accroître le nombre de licenciés mais pas les effectifs sur les tatamis…
Car nous, professeurs ne raisonnons pas en termes d’effectifs mais plutôt en nombre d’élèves présents tous les soirs sur le tatamis, en nombre de ceintures noires, de futurs professeurs, de passionnés assidus qui vont former un jour le futur noyau de base du Karaté. Plus ils s’entraînent et meilleure sera la qualité du produit et mieux sera assurée sa pérennité quelles que soient les époques et l’environnement socio culturel.
Autre débat… Relevons simplement que l’avenir du Karaté dépend de nombreux autres facteurs que celui de la compétition.
Il y a des phénomènes externes que nous ne maîtrisons pas et auxquels nous pouvons ou non nous adapter.
Il y a des choix qui incombent aux instances dirigeantes et qui ont ou auront des répercussions à moyen et long terme. Quand on connaît les petits soucis immédiats qui hantent nos dirigeants, on est en droit de douter que l’évolution à long terme soit réellement construite et calculée.
Enfin il y a des évolutions déjà engagées dont toutes ne sont pas positives. Celles qui concourent à appauvrir notre discipline ou a une perte qualitative ne sont malheureusement pas réversibles.
Là encore, le sujet est bien trop vaste pour que quelques pages nous permettent de le traiter.
4 – Il n’y a pas d’augmentation de la demande pour la compétition chez les jeunes mais là, je ne peux pas généraliser. Je ne peux répondre que pour nos élèves et ceux des clubs voisins que nous connaissons bien.
Vu depuis nos clubs, il y a 5 facteurs objectifs qui favorisent une plus grande participation :
- L’augmentation du nombre de jeunes qui abordent le karaté (Je n’ose plus dire qui pratiquent tant certains ne sont là que pour un survol sans aucun engagement à terme)
- Le succès de nos plus anciens élèves (Voir annexe sur le club de GRADIGNAN ci jointe à laquelle il faut ajouter les résultats des jeunes de MERIGNAC dont fait partie DAVID) qui donnent envie au petits de faire pareil
- La multiplication des compétitions avec les niveaux inter-régional et national qui ont été créés
- Notre engagement de professeurs puisque nous proposons les compétitions, établissons une compilation des différents calendriers (national, inter-régional, ligue et département) pour chaque catégorie d’âge, le distribuons aux élèves et surtout nous accompagnons toujours nos élèves (c'est-à-dire quasiment tous les week-end avec parfois 2 ou 3 manifestations par week-end)
- La participation financière de nos 2 clubs où nous avons décidé de prendre en charge voyage et hébergement pour tous nos compétiteurs (kata, kumité, coupes…) et pour toutes les tranches d’âge.
Mais il y en a d’autres qui sont des freins bien plus forts encore :
- Le manque de motivation des élèves qui ont une tendance naturelle à refuser un niveau de difficultés supérieur
- Le budget qui reste malgré tout à la charge des parents (leurs frais et le matériel).
- L’investissement en temps pour des familles et la tendance à la multiplication des activités ce qui est forcément incompatible avec la pratique de l’une d’elles à un certain niveau.
- Le niveau calamiteux de l’arbitrage, de l’organisation et la mentalité des responsables régionaux. En Gironde, il y aurait là aussi un livre à écrire (humoristique bien entendu) tant les turpitudes et la sotte vanité des dirigeants locaux conduisent à la faillite technique et sportive ce département.
Prenons quelques chiffres objectifs de son évolution sur 8/10 ans et laissons les parler:
- Budget augmenté de 30 000 FF à 70 000 €
- Licenciés purement karaté diminués de 4000 à 3000 environ
- Equipes séniors en champ. départemental passées de 10/12 à 3 ou 4
- Manifestations enfants y compris les tournois amicaux passés de 5 ou 6 par an avec 400 participants à 2 avec 150 à 200 participants voire annulées 6 jours avant !
- Statut des élus et techniciens passé de plus que bénévoles (non défrayés) à rémunérés ou plus que défrayés
- Pourtant nombre d’arbitres et professeurs confirmés participant à l’organisation passé de 30 à 5 ou 6 aujourd’hui
- 5 DTD différents sur les 6 dernières saisons !
- 4 mois du calendrier 2006 rayés d’un trait de plume !
Comment voulez-vous convaincre un parent d’élève qui a déjà pu mesurer l’état de dessiccation avancée des quelques cellules qui tiennent lieu de cerveau à certains (ir)responsables. Pourquoi irait-il à nouveau exposer son enfant à une manifestation ubuesque,
où il n’entendra qu’insultes et grossièretés,
où il sera soumis à tricheries, jalousies, esprit anti-sportif et injustices,
où il subira engueulades et manque de convivialité,
où s’il est blessé il n’y aura pas de médecin pour vérifier son état,
où il risquera se faire casser la gueule par le frère ou le prof du petit qui va perdre contre le sien,
où, comme déjà décrit, de ridicules fous se faisant appeler « senséï » se dandinent en croyant impressionner le gogo moyen et proposent discrètement aux gamines quelques cours particuliers dans leur garage dès qu’elles approchent l’âge de la majorité…
Nous-mêmes sommes parents d’une fillette de 8 ans. En toute connaissance de cause et après avoir pesé tout cela, nous décidons de l’amener dans ce milieu parce que l’espèce humaine ne changera pas de sitôt et qu’il est formateur de s’en faire une idée. Mais c’est aussi en toute connaissance de cause que jamais nous ne la laisserions seule dans n’importe quel stage ou compétition encadrée par ces oiseaux-là !
Il est facilement compréhensible que lorsque nous organisons une manifestation de club (genre gala des petits samouraïs à MERIGNAC, à GRADIGNAN ou au BOUSCAT) il y ait encore 400 à 450 enfants comme autrefois à GUJAN-MESTRAS ou à MARMANDE et qu’il n’y en ait pas la moitié dans une compétition départementale lorsqu’elle n’est pas annulée !
Ainsi il est difficile de se forger une idée sur la demande potentielle, celle qui existerait selon que nous ferions varier ces différents facteurs favorables ou défavorables, par exemple si nous ne pouvions plus nous engager autant auprès des élèves ou si au contraire les dirigeants fédéraux prenaient un peu plus en compte nos conseils.
Vous aurez donc des réponses très divergentes d’un club à l’autre et d’une région à l’autre.
Pour notre part, la participation se maintien et nous faisons un effort pour cela mais la demande faiblit et les facteurs dissuasifs sont de plus en plus inquiétants.
5 – Réponse multiple tant chaque élève est différent.
Nous proposons le calendrier à tous ceux qui sont potentiellement intéressés, ne serait-ce que comme spectateurs. Ensuite, nous jugeons au cas par cas : Selon sa personnalité, ses besoins éducatifs (définis ou non avec les parents), ses goûts personnels, sa disponibilité, sa santé il aura plus ou moins envie et plus ou moins intérêt à faire de la compétition.
Plus généralement, il y a 3 conditions minimum qui doivent être réunies :
- – L’élève est demandeur (soit parce qu’il est de nature à vouloir se mesurer, soit parce qu’il voit ses copains de club revenir avec des médailles, soit parce qu’il veut faire plaisir à ses parents ou à ses professeurs, soit parce qu’il veut dominer sa peur et plus généralement un peu de tout cela en diverses proportions)
- – Il a un niveau technique et une combativité suffisants pour ne pas se sentir ridicule par rapport au niveau de la manifestation visée et pour pouvoir en tirer un bénéfice pour sa progression (on commence donc par les rencontres amicales et départementales, on prévient qu’il est normal de ne pas gagner avant d’avoir un peu d’expérience etc…). Nous sommes alors convaincus que les avantages seront supérieurs aux inconvénients…
- – Les parents sont évidemment consultés et prévenus de ces avantages et inconvénients qui peuvent en découler. Les réactions du jeune enfant avant, pendant et après la compétition dépendent en grande partie de celles des parents. Il nous appartient, selon les familles, de les « préparer », de les pousser ou de les modérer plus ou moins. Mais ce sont toujours les parents qui confirment la décision.
Alors, nous les inscrivons à la compétition demandée puis modulons la suite selon résultats et réactions.
Tout ceci explique qu’il n’y ait pas de condition rigide d’âge ou de temps de pratique ni de ceinture par exemple : Cette saison, nous y avons amené un poussin ceinture blanche/jaune alors qu’il était trop tôt pour une autre élève pourtant minime ceinture bleue.
6 – C’est la question la plus difficile pour 2 raisons :
- Si nous étions surs de maîtriser l’infinie complexité de l’humain et de connaître tous les ingrédients qui font qu’un tel est champion et pas les autres, nous ferions plus de champions !
- Le respect de l’élève et un minimum de pudeur interdisent aux professeurs de le mettre à nu et de l’analyser en public. Ce sont pourtant les facteurs mentaux qui sont essentiels pour la réussite en compétition.
Alors pour rester dans quelques généralités nous dirons que :
1 – David est au club depuis tout petit et a toujours été attentif et assidu. Ainsi, comme pour beaucoup de nos jeunes, Sylvie a pu lui construire une technique, des capacités motrices, des automatismes de base simples, précis, complets et sans « trou » important.
2 – Là dessus, disons sur ces micro-programmes, il est aujourd’hui possible de lui faire travailler des automatismes « supérieurs » donc applicables en combat, d’une grande diversité, sans temps morts, sans appels et qui ne tombent pas forcément dans les habitudes de ses adversaires potentiels. Ce bagage technique lui permet de s’adapter à plusieurs types d’adversaires.
3 – A l’âge ou certains se relâchent un peu, lui est toujours aussi attentif, assidu et motivé à l’entraînement.
4 – Un peu réservé tout petit, il aime de plus en plus le combat et prend confiance en lui.
5 – Il aime la compétition (ce qui est encore autre chose) et veut réussir. Il ne monte jamais sur les tatamis pour perdre.
6 – Il reste lucide durant les combats, ne se laisse pas facilement perturber et avec l’âge, ses qualités mentales s’affirmeront encore.
7 – Il a évidemment de bonnes qualités physiques et il lui reste un gros potentiel de développement.
8 – Il est d’une grande gentillesse avec tous ses copains de club qui le lui rendent bien et se sent donc soutenu de tous.
9 – Il a également un soutien appuyé mais non pesant de sa famille dans chacune de ses compétitions importantes
10 – Il n’a pas pris la grosse tête et reste toujours avide d’apprendre ce qui lui permettra à notre avis de rester parmi les meilleurs.
11 – Enfin et c’est ce pour quoi nous sommes les plus fiers de lui, il se comporte toujours dignement sur les tatamis en toutes circonstances.
Sur chacun de ses facteurs, il y a des élèves au club qui lui sont ponctuellement supérieurs mais peut-être plus faibles sur d’autres. Certains sont aussi montés sur les podiums nationaux, d’autres n’ont pas eu la même réussite.
David représente la réunion équilibrée de ces différents facteurs et bien qu’il n’ait jamais été favorisé par les dieux de la compétition, il a toujours bravement défendu ses chances dans sa catégorie :
Champion de Gironde et d’Aquitaine depuis 3 saisons 2004/2005/2006
Champion d’Aquitaine Kata par équipes
Vainqueur de la Coupe de France (déclaré ex-aequo car volé de sa finale par un arbitre qui avait rayé son nom) en 2004
2ème à la LEHETET-CUP en 2005
Vainqueur de la Coupe de France en 2006
Vainqueur du challenge européen 2006